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Chapitre 4

Auteur: JI Xiaonuan
Dans la salle d'à côté, Lucie, après avoir descendu trois bouteilles de vin, braillait à pleins poumons « Cendrillon » dans le micro.

Élodie, les yeux rivés sur les tendances de son portable, a senti que quelque chose clochait sérieusement. Elle a tiré sur la manche de Lucie : « Attends, quand est-ce que j'ai dit que Victor souffrait d'impuissance ? »

« Tiens, c'est moi qui ai inventé ça ! Un bon scoop doit faire du bruit, sinon personne ne le lit. »

Le visage d'Élodie s'est assombri : « Tu réalises ce que ça risque de provoquer ? »

Le visage cramoisie par l'alcool, Lucie a brandi son micro en beuglant : « Provoquer quoi ? Il va faire quoi, ton Victor ? Me pointer un flingue sur la tempe pour que je retire l'article ? »

BAM !

La porte de la salle a volé littéralement en éclats.

La musique s'est arrêtée net.

Élodie a senti son cœur rater un battement en voyant Victor, le visage noir comme l'orage, planté dans l'encadrement.

Elle savait qu'il viendrait. Mais qu'il débarque aussi vite, ça, elle ne l'avait pas vu venir.

« L'article, c'est toi qui l'as fait publier ? »

La voix de Victor était tranchante comme une lame.

Lucie, morte de trouille, s'est planquée derrière Élodie qui a fait mine de garder son sang-froid : « C'est moi qui l'ai commandé. »

« Toi ? »

Victor a laissé échapper un rire méprisant. Il s'est avancé, a écarté Lucie d'un geste brutal et l'a balancée dans les bras de Raphaël.

« Dehors, tous ! »

Dès qu'elle avait aperçu Victor, Lucie avait senti ses jambes flageoler. Elle aurait voulu tenir bon pour protéger son amie, mais Raphaël l'entraînait déjà vers la sortie : « On se tire, tout de suite ! »

La porte a claqué, laissant Élodie et Victor seuls dans la pièce.

Victor s'est approché d'elle, pas à pas : « Tu plaques tout le soir même, et le lendemain, tu fais la bringue. Élodie Mercier, je t'ai vraiment prise pour plus bête que tu n'es. »

Face à cet homme, Élodie n'a pas pu s'empêcher de revoir les visages répugnants des ravisseurs qui l'avaient maintenue de force dans sa vie d'avant.

Son estomac s'est noué, et elle a reculé instinctivement d'un pas : « M. Moreau, c'est vous qui m'avez larguée en pleine soirée de fiançailles pour courir après Sophie. Ma famille n'est pas assez huppée pour les Moreau. Cette histoire, réglons-la comme des adultes. »

Comme des adultes ?

Victor a ricané : « Ta façon adulte de régler les choses, c'est de me faire passer pour un impuissant sur toute la toile ? »

« C'était un dérapage ! »

« Élodie Mercier, je dois admettre que ta manière d'attirer mon attention est originale, mais je croyais avoir été clair : ne joue pas à ces petits jeux avec moi ! »

D'un geste brusque, Victor l'a plaquée contre le mur.

Son regard était maintenant celui d'un prédateur.

Élodie a fixé ses poignets que Victor maintenait comme dans un étau. Soudain, elle s'est rappelée que dans sa vie d'avant, c'était exactement ce jour-là, le lendemain de leurs fiançailles, que la grand-mère de Victor avait ordonné à son petit-fils de la raccompagner. Mais Victor l'avait plantée dans le froid, lui balançant avec un mépris glacial : « Ces fiançailles ne sont qu'une histoire d'intérêt pour ta famille. Élodie Mercier, ne t'imagine pas une seconde que je puisse jamais ressentir quoi que ce soit pour toi ! »

Ce souvenir remontant à la surface comme une gifle, Élodie a libéré violemment sa main et a flanqué une baffe monumentale à Victor.

CLAC !

Le bruit sec a résonné, amplifié par le micro à côté d'eux.

Raphaël et Lucie ont déboulé immédiatement dans la pièce.

« Élodie ! Ça va ? »

« Victor ! Ça va pas la tête ? Même furax, on ne frappe pas les femmes ! »

Raphaël et Lucie ont accouru, avant de réaliser avec stupeur que ce n'était pas Élodie qui avait encaissé un coup, mais bien Victor.

Élodie a lâché d'une voix polaire : « Victor Moreau, t'es bouché ou quoi ? Ce mariage, ce n'est pas qu'à toi de décider ! Moi, Élodie Mercier, je dis que c'est terminé, alors c'est terminé ! »

« Toi ! »

Victor bouillonnait de rage, mais en levant les yeux, il a aperçu dans le regard d'Élodie un dégoût viscéral, nullement dissimulé.

Victor s'est figé sur place.

Jamais, au grand jamais, Élodie ne l'avait regardé ainsi.

En l'espace d'une nuit, cette femme qui lui léchait les bottes avec tant de zèle semblait s'être métamorphosée en quelqu'un d'autre.

« Lucie, on se casse. »

Élodie n'a plus accordé un seul regard à Victor, comme si le simple fait de poser les yeux sur lui donnait envie de vomir.

Lucie, encore dans les vapes à cause de l'alcool, n'avait pas tout pigé.

Raphaël était encore plus largué.

Il n'avait même pas bu une goutte, alors pourquoi avait-il des hallucinations ?

Cette Élodie qui parlait autrefois à Victor d'une voix mielleuse, aussi douce et attentionnée que Sophie, venait de lui coller une mandale ? Non seulement elle l'avait frappé, mais en plein visage !

« Vi-Victor... »

Raphaël a agité sa main devant le visage de son ami : « La baffe ne t'a pas grillé le cerveau, j'espère ? »

Victor semblait encore sous le choc, les sourcils froncés, il a pointé la porte : « Elle a osé me frapper ? »

« ...Ouais, et la trace est encore bien visible. »

À ces mots, le visage de Victor s'est assombri encore davantage.

Repensant aux paroles insolentes d'Élodie, Victor a soudain laissé échapper un rire sinistre : « Dis à la famille Mercier que ce mariage, Élodie peut se mettre dans le crâne qu'il aura lieu, qu'elle le veuille ou non ! »

Le lendemain, au manoir Mercier.

« Comment ça, pas d'annulation ? »

Assise sur le canapé du salon, Élodie a froncé les sourcils.

Dans sa vie d'avant, Victor l'avait toujours détestée comme la peste. Sans l'insistance de sa grand-mère qui voulait d'elle comme petite-belle-fille, jamais il n'aurait cédé sur ce point.

Hier soir, non seulement elle avait rompu les fiançailles, mais elle l'avait aussi giflé publiquement, ce qui revenait à piétiner sa fierté d'homme. Comment pouvait-il s'obstiner ?

« C'est formidable ! Quel soulagement ! »

Colette a porté la main à son cœur, visiblement soulagée : « J'ai cru que M. Moreau était vraiment furieux cette fois. Heureusement, il passe l'éponge. Élodie, file vite t'excuser auprès de lui, et toute cette histoire sera oubliée. »

« Si vous tenez tant à ce qu'il reçoive des excuses, allez-y vous-même. Ce mariage, non. »

Le ton d'Élodie était glacial, ce qui a agacé Colette : « Bon sang, ma chérie, pourquoi es-tu aussi butée ? Ton père n'est plus là, et sans le soutien des Moreau, comment va-t-on s'en sortir ? »

À ces mots, l'expression d'Élodie s'est durcie.

Dans sa vie d'avant, après le décès de son père, elle avait traversé une période de grande fragilité émotionnelle. C'est à ce moment précis que Victor avait tendu la main à leur famille, et Colette lui avait bourré le crâne en lui faisant croire que Victor avait un faible pour elle.

Petit à petit, elle était tombée raide dingue de lui.

Ce n'est que plus tard qu'elle avait découvert la vérité : Victor l'avait aidée uniquement parce qu'elle ressemblait vaguement à Sophie.

Mais à ce moment-là, elle était déjà mordue, incapable de faire marche arrière, et avait même gobé les conneries de Colette quand elle lui avait suggéré d'être la doublure de Sophie pour plaire à Victor.

À l'époque, elle croyait naïvement qu'un jour, elle parviendrait à se faire une place dans le cœur de glace de Victor.

En y repensant, elle a réalisé que c'était pathétique.

« Ne t'en fais pas, Colette. Le groupe Mercier est l'héritage de mon père, je ne la laisserai pas couler. Si tu penses vraiment ne pas pouvoir te passer des Moreau, tu peux toujours tenter ta chance toi-même. »

Sur ces mots, Élodie a grimpé l'escalier.

« Non mais comment oses-tu me parler comme ça ! Je ne pense qu'au bien de cette famille ! Tu n'es qu'une fille, comment pourrais-tu gérer une entreprise ! Tu ferais mieux de te trouver un bon mari et de rester à la maison pour torcher tes gosses ! »

Élodie a ignoré royalement les cris de Colette dans son dos.

Si Colette voulait la voir épouser Victor, c'était pour que son propre fils puisse mettre la main sur le groupe Mercier, et que la future Mme Moreau leur serve de marchepied, à elle et à son rejeton.

Mais cette boîte était l'héritage de son père !

Elle ne serait plus jamais aussi cruche que dans sa vie d'avant, où elle avait pratiquement servi l'entreprise sur un plateau d'argent à cette mère et ce fils sans le moindre scrupule !
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